dimanche 16 février 2025

ROMAN TRADUIT: AUX BORDS EN SATIN (CHAPITRE UN ET DEUX)

 

Plus trop le temps et manque d'inspiration pour des captions, donc en attendant, voici les premiers chapitres d'un roman en cours de traduction...



                                                                   CHAPITRE 1


Les quatre garçons étaient assis dans le bureau cossu, la sueur perlant sur leurs fronts malgré le froid de la climatisation. 

C'était censé être pour eux une réunion simple, un nouveau départ, leur ancienne maison de disques les ayant jetés  comme des marchandises abîmées à une manager qui prétendait pouvoir les réinventer.

 Le placage brillant de la pièce, avec sa table en marbre et ses chaises en cuir à haut dossier, criait richesse et pouvoir.

- Tu verras, dit-elle, sa voix douce, sirupeuse mais avec une pointe de piquant cachée en dessous. C'est une opportunité, pas une punition. Ton dernier manager ne savait pas quoi faire de toi. Moi, je le sais.
Elle s'appelait Clarisse Belgrave, la femme qui contrôlait désormais leur carrière, enfin le peu qu'il en restait. Elle était immaculée, tout en arêtes vives et en lignes épurées, le tailleur sur mesure l'enveloppant comme une armure.
Dès l'instant où elle est entrée dans leur vie, elle a porté un air d'inévitabilité, comme si toute résistance était inutile.
Jack, leur leader officieux, a essayé de garder son sang-froid. Ses cheveux, habituellement en bataille, d'une façon faussement rebelle, collaient à son front à cause de la sueur.
- Nous voulons juste clarifier... ces contrats sont différents des précédents.
Le sourire de Clarisse s'étendit, lent et patient.
- Bien sûr qu'ils le sont. Voulez-vous continuer à échouer avec les anciennes méthodes, ou voulez-vous réussir avec les miennes ?
Elle fit un geste vers les papiers soigneusement rassemblés devant chacun d'eux.
- Vos contrats reflètent maintenant ma vision. Pour vous et pour nous.
Lucas, le plus jeune du groupe, s'agita.
- Mais il y a, euh... beaucoup de jargon juridique.
- Parfaitement standard. Mes avocats sont minutieux... Très minutieux. Assura Clarisse, le ton sec
Ce qu'elle ne mentionna pas, bien sûr, c'était que minutieux signifiait des clauses qui lui donnaient le contrôle sur les décisions vestimentaires, la chorégraphie, les personnages publics, même les habitudes alimentaires.
Le plus inquiétant était l'ajout d'une procuration médicale. Elle était cachée quelque part dans les pages labyrinthiques, inoffensive à première vue, mais ses implications étaient tout sauf évidentes.
Ils ne l’avaient pas encore remarqué et ne le feraient probablement pas. Elle comptait sur le jargon juridique et l’argent qu’elle agitait sous leur nez pour s’en assurer.
- Pourquoi ces détails vestimentaires ? Osa demander Jack, tenant une page comme s’il s’agissait d’une preuve.
- Des accords pour suivre les recommandations stylistiques jugées appropriées pour améliorer l’attrait de la marque.
- C’est vague.
Le regard de Clarisse le fixa sur place.
- J’ai fait appel à des experts, des consultants en image qui savent exactement ce que le public veut voir. Je vous suggère de leur faire confiance.
- Et ça ?  Cette clause sur les évaluations médicales obligatoires ? Je ne comprends pas pourquoi c’est là. Dit Mark, le plus bourru du groupe, feuilletant son exemplaire.
Les lèvres de Clarisse se retroussèrent légèrement.
- L’image est tout dans ce métier. Nous ne pouvons pas laisser l’un d’entre vous s’effondrer sur scène à cause de problèmes non diagnostiqués. Faite-moi confiance, c’est pour votre bien.
Les mots faite-moi confiance se répétaient comme un mantra tout au long de leur rencontre. Clarisse avait le don de les faire douter d’eux-mêmes, de remettre en question leurs moindres inquiétudes.
Elle leur faisait miroiter des phrases comme le succès absolu, avec la promesse qu’elle seule pouvait tenir cette promesse.
La vérité était bien plus sombre.
Sa vision du groupe n’avait rien à voir avec leur ancienne image de ce groupe n’avait même jamais commencé à décoller. Ils n’étaient que des moins que rien, des aspirants vedettes ridicules, mais ce qu’elle voyait en eux maintenant, c’était des matières premières qui n’attendaient qu’à être décomposées et reconstruites en quelque chose de plus commercialisable.
Quelque chose de bien plus joli.
Quelque chose qu’elle pouvait contrôler.
Et avec les petits caractères de leurs contrats, ils ne verraient rien venir.
Finalement, les garçons signèrent, l’un après l’autre, trop stupides et désespérés de retrouvé la célébrité pour même penser à consulter un avocat en premier. Le grattement des stylos couvrait le grincement de leurs entrailles.
Quand Ethan hésita, Clarisse se pencha et murmura quelque chose d’assez doux pour que lui seul puisse l’entendre. Quoi qu’il en soit, son expression devint pâle et il signa aussi.
Alors qu’elle rassemblait les papiers et les rangeait dans son élégant dossier noir, Clarisse sourit.
- Félicitations les garçons. Bienvenue dans votre nouvel avenir.
Si l’un d’entre eux avait regardé de plus près, il aurait peut-être remarqué la satisfaction dans ses yeux, l’éclat d’une prédatrice terrible.
Mais à ce moment-là, il était bien trop tard.


CHAPITRE 2


Le studio était calme lorsque les garçons arrivèrent le lendemain matin, à l’exception du léger bourdonnement des néons au-dessus de leur tête.
Clarisse avait tout organisé. La séance était prévue pour préparer le changement de marque, bien que personne ne comprenne vraiment ce que cela signifiait. Le contrat n’était pas précis , seulement qu’ils devaient se conformer pleinement aux directives de son équipe.
- Cet endroit est bizarre... marmonna Lucas, la voix basse.
Jack lui lança un regard las et agacé.
- Ce n’est qu’un studio, mon pote. Fais attention.
Mais Lucas n’avait pas tort.
L’espace avait une qualité clinique étrange, minimaliste et stérile.
Pas les éraflures habituelles des guitares ou le désordre confortable de leurs anciens repaires d’enregistrement. Au lieu de cela, des murs blancs se dressaient, vides et impersonnels, et l’air portait une légère odeur chimique.
La porte à l’autre bout s’ouvrit et Clarisse entra, flanquée de deux femmes inconnues.
Toutes deux portaient des uniformes élégants, l’une portait une tablette, l’autre un kit en cuir soigneusement emballé. Le claquement des talons de Clarisse résonna de manière inquiétante dans la pièce alors qu'elle s'arrêtait devant le groupe.
- Bonjour les gars.
Son ton était léger, mais il n'y avait aucune chaleur.
- Commençons, d'accord ?
Jack redressa les épaules.
- Commencé par quoi ?
- Votre transformation.
Le mot atterrit lourdement dans le silence.
- Clarisse, je ne plaisante pas, intervint Mark en croisant les bras, mais de quoi parlez-vous ? Vous avez dit que c'était une séance de marketing ?
- C'est le cas. Répondit-elle doucement.
Clarisse fit une courte pause puis expliqua:
- Comme je l'ai déjà dit, le marketing exige de la discipline. Image, comportement, son... tout doit être cohérent. Vous avez signé les contrats. Vous avez accepté de suivre mes instructions.
Elle regarda Mark avec insistance, puis les autres.
- Si l'un d'entre vous a des doutes, je vous suggère de relire ce que vous avez signé.
Cela les fit taire.
Un malaise persistait dans l'air, mais personne n'osa la défier davantage pour le moment.
- Maintenant, continua Clarisse en se tournant vers les deux femmes. Les garçons, voici Simone et Evelyn. Simone est votre nouvelle styliste et Evelyn est là pour effectuer chez chacun de vous quelques évaluations.
- Des évaluations ? La voix de Lucas se brisa.
- Rien d’invasif... lui assura Clarisse, souriant légèrement. Juste des mesures. Quelques notes sur la posture, le teint... des choses dont nous aurons besoin pour votre prochaine étape de développement personnel.
Lucas n’avait pas l’air convaincu, mais Jack l’interrompit d’un petit signe de tête.
- Pas ici. Ne discutez pas.
Simone s’avança la première, désignant une rangée de grands miroirs alignés sur un mur.
- Enlevez vos chemises, s’il vous plaît.
- Quoi ? aboya Mark.
- C’est pour vos mesures, dit Simone sèchement, son vernis professionnel inébranlable. Vous aurez besoin de nouvelles garde-robes. Nous ne pouvons pas confectionner des vêtements sur mesure sans les bonnes tailles.
Il y eut un moment de silence, un moment de rébellion silencieuse, avant que Jack ne soupire et ne passe son t-shirt par-dessus sa tête.
Les uns après les autres, les autres le suivirent, leur malaise se lisant sur leurs visages.
Simone commença à travailler méthodiquement, son mètre ruban parcourant leurs torses et leurs épaules, tandis qu’Evelyn griffonnait des notes sur sa tablette.
De temps en temps, elle murmurait quelque chose à Simone, des mots comme proportions délicates et silhouette étroite.
- Tu sais, commenta Evelyn en jetant un coup d'œil à Lucas, il a vraiment une mâchoire douce. Presque féminine.
Le visage de Lucas brûla de rouge.
- Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire ?
- C'est un compliment, dit Clarisse d'un ton léger, bien que ses yeux trahissent quelque chose de plus vif. Tu as des qualités qui te distinguent, Lucas. Nous les mettrons en valeur à l'avenir.
Jack se déplaça mal à l'aise.
- Quel est exactement le but ici, Clarisse ? Il ne s'agit plus de musique, n'est-ce pas ?
Clarisse s'approcha, sa présence se profilant.
- Il s'agit de succès, Jack. De donner au public ce qu'il veut... même si cela signifie prendre une direction totalement inattendue.
- Quelle direction ? s'exclama Mark.
Ses lèvres se courbèrent en un sourire lent et entendu.
- Tu verras.
Simone termina ses mesures, se retirant pour ranger ses affaires, mais Evelyn resta, s'avançant avec une petite fiole et une seringue à la main.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? Demanda Jack dont la voix devint sèche.
- Calme-toi, répondit Evelyn, imperturbable. C'est un booster de vitamines. Complètement inoffensif... Clarisse insiste pour garder son talent au meilleur de sa forme. Tu ne contesterais pas ça, n'est-ce pas ?
Jack hésita, jetant un coup d'œil vers Clarisse.
- Ce n'était pas dans le contrat.
- Oh, mais si... c'est le cas, dit-elle doucement, son ton une menace soyeuse. Sous la conformité sanitaire et la surveillance médicale. Je suis désormais responsable des décisions concernant ton bien-être. Tu l'as signé.
Lucas fit un pas en arrière, la voix tremblante.
- Je ne veux pas...
- C'est un booster de vitamines, interrompit brusquement Clarisse, sa patience s'amenuisant.  Tu rends cela bien plus dramatique que nécessaire.
Son regard les parcourut, défiant toute résistance supplémentaire. Un par un, ils cédèrent. Mark marmonna un juron à voix basse pendant qu'Evelyn lui tamponnait le bras, Ethan et Lucas tressaillirent tous les deux lorsque les aiguilles piquèrent leur peau.
Chaque injection était rapide, efficace... trop efficace.
Alors qu'Evelyn en avait fini avec Jack, il leva les yeux vers Clarisse.
- Qu'est-ce qu'il y avait vraiment là-dedans ?
- Ne pose pas de questions dont tu ne veux pas entendre la réponse, dit-elle doucement.  C'est pour ton bien, comme je l'ai dit. Tu te sentiras mieux, plus concentré. Prêt à donner le meilleur de toi-même.
Jack ne la croyait pas.
Aucun d'eux ne la croyait. Mais le contrat les avait rendus impuissants. Ils avaient remis les rênes de leur vie, et Clarisse ne perdait pas une seconde à les utiliser.
- Habillez-vous, dit-elle en se retournant vers la porte. Demain, nous commencerons votre réentraînement vocal et les ajustements chorégraphiques. Vos nouvelles garde-robes seront bientôt prêtes, et ne vous inquiétez pas, Simone sait exactement ce dont vous avez besoin.
Alors que Clarisse et son équipe sortaient de la pièce, les garçons restèrent debout en silence, leurs chemises serrées dans leurs mains.
-  Il y a quelque chose qui ne va pas... Soupira finalement Mark, à voix basse

3 commentaires:

  1. Très bon début, vivement la suite

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  2. super ça fait plaisir de revoir un grand texte ! les autres sont fini ?
    blouse44/noemie

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  3. bonsoir , revenez nous vite vous nous manquez !!

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