lundi 18 février 2019

RECIT: UN MAITRE ASSERVI par Ange Noir

Premiere partie d'un récit écrit par Ange Noir.


                                                               
                                                              PARTIE 1

 
je serais incapable de dire quand tout a basculé. Je n’avais pas du tout conscience de perdre le contrôle, et ce sans doute très en amont, avant même que je ne réalise que la situation devenait compliquée et échappait à mon contrôle. Cela va paraître curieux, mais je suis même incapable de savoir quand nous sommes, ayant perdu toute mesure du temps qui s’écoule, n’ayant plus aucun repère : je n’ai plus touché à un ordinateur depuis des années, tout comme un téléphone. Je ne regarde jamais la télévision ou n’écoute la radio. Même si j’entends souvent leur son, mon esprit n’arrive pas à saisir la moindre information. Je suis en effet exclusivement tourné vers ma Maîtresse, et rien d’autre ne peut pénétrer mon cerveau épuisé par le manque de sommeil, les souffrances permanentes, et un dressage dont le seul souvenir me glace d’effroi. Je vis dans une fébrilité permanente, accrue dès que j’entends, lis ou vois ma Propriétaire, ne pouvant alors faire rien d’autre que me jeter à Ses pieds, tremblant de tous mes membres. Ne récoltant alors aucun égard, ce qui me rassure sur le fait de ne pas lui avoir déplu ou désobéi d’une quelconque manière. Car je ne contrôle plus rien de ma vie, ni de ma relation, sans que je ne l’ait réellement voulu. Je ne saurais même dire aujourd’hui si j’en suis heureux, comblé, ou au contraire que je regrette. Je n’ai plus ce luxe de me poser de question, en fait plus l’énergie, je suis juste épuisé, stressé et en perte d’équilibre permanent. J’ai compris qu’il n’y avait plus rien à faire et me laisser aller même si j’ignore totalement où je vais finir.

Nous nous sommes rencontrés il y a plusieurs années, elle ma cadette de plus de 20 ans, soumise et recherchant la protection d’un homme puissant et aisé, ce que j’étais. Nous avions longuement échangé sur Internet et notre rencontre fut un vrai coup de foudre. Elle, petite, très brune avec une peau blanche, douce et d’une sensualité à fleur de peau, de magnifiques fesses rondes, une poitrine un peu petite, mais je m’empressais de lui imposer une chirurgie esthétique ce qui la rendit encore plus irrésistible et sexy. Elle était brillante, intelligente et nous nous entendions à merveille. Notre relation était certes SM mais au fond assez calme, car après bien des années à dominer, j’étais un peu arrivé avec elle à la fin de ma quête. Je sentais en elle une capacité à s’offrir et à s’abandonner qui me comblait. De son côté, si elle appréciait la tension sexuelle et l’adrénaline dans les relations sexuelles, elle appréciait que la relation de domination soumission soit plutôt light par ailleurs. Notre relation était douce, harmonieuse, mais avec des jeux et des situations qui pouvaient être diaboliquement excitantes. Elle m’avait d’ailleurs ouvert à d’autres dimensions, comme l’humiliation, ou les jeux d’infantilisation. En tant que dominateur, j’ai toujours été très à l’écoute de mes soumises, et même si dans le discours je passe pour impitoyable, dans les faits j’ai toujours été au service de leur plaisir. Pour la première fois de ma vie, je ne sentais pas le besoin d’aller chercher d’autres femmes soumises pour pimenter ma vie. Toutes me paraissaient fades à côté d’Isabelle, j’avais trouvé mon graal. Au contraire, je revenais aux premiers émois de ma vie sexuelle en dialoguant régulièrement avec des femmes dominatrices. Bien entendu, Isabelle n’était pas au courant, non que je me cache particulièrement, mais cela l’aurait sans doute trop déstabilisée. Et puis c’était innocent, je n’avais pas du tout l’idée de quoi que ce soir derrière. Ces situations m’excitaient fortement, tout comme les récits de maris dressés ou cocus, et j’en écrivais même quelques unes, parmi les plus violentes et extrêmes.

C’est vrai que jeune mes penchants s’étaient d’abord exprimés dans un certain masochisme et dans la recherche d’une femme dominatrice qui me prendrait sous son aile. J’avais quelques livres de Marika Moreski qui me troublaient énormément, ainsi que des revues spécialisées achetées dans des sex shop. Ces images et récits me provoquaient un émoi que je contrôlais à peine. Mais j’étais bien trop impétueux, plein d’énergie et de vie pour arriver à exprimer la moindre soumission de façon constructive et très vite cette période s’est tarie et j’ai pris alors un grand plaisir à dominer, parfois maltraiter des femmes qui s’offraient à moi. Mon imagination est sans cesse en ébullition, et aucune femme n’arrivait à y répondre, alors puisque je ne pouvais me soumettre autant les soumettre et leur faire subir une petite partie des fantasmes et désirs qui m’habitaient.

Les femmes dominantes avec qui je dialoguais étaient globalement sans grand intérêt, et dans une recherche de domination très faiblement érogène et loin des extrêmes qui m’ont toujours attiré. Il y avait là une subtilité qui ne me correspondait pas trop, mais pour des dialogues cela pouvait être plaisant. Je ne cachais pas ma situation ce qui mettait souvent rapidement fin aux échanges, la situation semblant trop bizarre et surtout impossible. Il est vrai que je ne me voyais pas aller même à un simple rendez-vous. Même si je ne cachais rien, je me connectais en loucédé et j’étais persuadé qu’Isabelle n’en savait rien. Je me trompais. Non seulement elle suivait mes différents chats, mais aussi les histoires d’hommes soumis ou esclaves que je lisais et les photos que je pouvais regarder sur Internet. J’étais trop pris par ces voyages fantasmatiques pour m’apercevoir que son attitude vis-à-vis de moi avait changé peu à peu, qu’elle me regardait différemment, et que sa soumission n’était plus aussi appuyée qu’avant. Mais cela ne me dérangeait guère, adorant tout le temps que je passais avec elle quelle que soit l’ambiance. Je ne faisais rien de mal même si les fantasmes de soumission devenaient de plus en plus présents dans ma tête et lorsque nous faisions l’amour. C’était comme un pavé dans mon ventre, un désir profond et fort, qui n’avait rien à voir avec le bonheur de dominer. Bien autre chose, du domaine de l’incontrôlable. Les masturbations ne me soulageaient guère, ce désir se développait en moi, sans doute exacerbé par une situation financière qui sans être préoccupante, me stressait. J’avais beaucoup de temps à y consacrer tandis qu’Isabelle partait chaque jour travailler. Je m’amusais un peu avec nos différents gadgets et cela soulageait la tension qui était en moi.

Tout cela ne prêtait pas à conséquence, jusqu’au soir où je croisais le pseudo Noir Destin qui tout de suite m’attira. C’est surprenant comme quelques mots peuvent trouver un écho assourdissant. Le profil était sombre, on distinguait à peine des formes sur la photo, mais elles étaient excitantes, le texte invitait à une relation très poussée de soumission, abandon, y compris même de féminisation et de perte de repères, de prise en charge financière et d’un esclavage non consensuel. Curieusement j’hésitais à la contacter, je sentais quelque chose de plus sulfureux, de plus fort et réel qu’avec d’autres profils. Instinctivement, je sentais le danger mais aussi la réalité de ce profil. J’aurais été incapable de dire pourquoi. J’étais frappé par l’approche non consensuelle qui va à l’encontre de tous les principes d’une relation SM, mais que précisément je cherchais, ou plus je rêvais. Puis, après quelques heures d’hésitation, je me lançais, dans un long texte, expliquant que j’étais un dominateur mais que depuis petit je rêvais de soumission, et que je me sentais aujourd’hui près à le vivre de façon intense, à me laisser emporter par une puissance supérieure. J’avais envie de me donner les moyens d’attiser l’intérêt de cette femme et pouvoir nouer un dialogue et un échange auquel je mettrai un terme dès que cela sera nécessaire. Je me surpris à être très nerveux en attendant une hypothétique réponse, qui arriva rapidement, contenant juste un mail et me demandant ma photo ainsi qu’un cv complet. J’aurais dû penser que c’était un fake, un profil de racolage comme il y en a des milliers, mais non, cette sobriété collait parfaitement au personnage et à la situation, et était bien loin des propos lénifiants des fakes que je croisais chaque soir. Je me jetais sur mon mail, trouvais une photo de moi nu et à genoux que j’avais faite il y a quelques semaines pour ces cas là, l’envoyait, avec toute mon histoire, un peu romancée surtout du côté soumis où je m’inventais des expériences que je n’avais eues que dans la tête, ou en autopunition. Le contact était pris. Elle me demanda de prouver ma motivation en lui envoyant une photo avec son pseudo écrit sur la peau. C’était très excitant, cela rendait la relation concrète, et paradoxalement me prouvait que sa quête était totalement réelle. Je n’hésitais guère et filais à la salle de bain avec un feutre pour m’exécuter. Cela m’excitait terriblement de lui obéir ainsi. Sans doute aussi un moyen de contrôler la vérité de ma photo envoyée. Elle mit fin à l’échange pour la nuit et me dit de me reconnecter le lendemain à 23h00 précise. Me laissant sur ma faim. Et la tête à la fois remplie de désir, et frustrée de n’avoir rien sur quoi appuyer ces fantasmes fous.

Je passais la journée dans un état de tension que je n’avais pas connu depuis longtemps. Je relu des dizaines de fois le profil, interloqué par la liste des pratiques qui étaient particulièrement hard mais qui matchait incroyablement avec la mienne, rejetant toutes les pratiques soft ou vanilles pour se concentrer sur ce qu’il y a de plus sulfureux, extrême ou violent. Des pratiques qui sont vraiment exceptionnel et une approche loin des canons consensuels. Je touchais du doigt que ses pratiques non consensuelles étaient réelles et que ce n’était pas un profil pour juste jouer. C’est pourtant ce que je voulais faire avec ce profil. J’envoyais ma soumise Isabelle au lit bien avant l’heure du rendez-vous pour pouvoir me mettre dans l’état d’esprit que je souhaitais communiquer. Je ne faisais guère attention à elle et ne remarquait en rien les regards qu’elle ne cessait de me jeter. Car Isabelle était à la fois décontenancée et furieuse. Elle n’en revenait pas de la façon dont je réagissais au pseudo qu’elle avait créé pour me tester, plus que me piéger. Me voir hier me précipiter à la salle de bain pour faire la photo avec le marqueur l’avait sidérée. Elle regardait son ‘maître’ d’un nouvel œil, et se sentait curieusement trahie. Même si c’est elle qui me manipulait avec ce faux pseudo, ce que je révélais la décevait profondément. Ce n’est pas ce qu’elle souhaitait comme Maître, et me voir si fragile et vulnérable était profondément déstabilisant. Cette violence qui était en elle depuis toujours, qu’elle exsudait quand je la dominais, prenait un tour nouveau. Pour la première fois de sa vie elle ressentait l’expression de cette violence vis-à-vis d’une autre personne : moi. Elle voulut me confronter à cela toute la journée mais je n’étais pas vraiment attentif et l’heure du coucher arriva sans qu’Isabelle n’ai pu décider de ce qu’elle allait faire. La rage ne la quittait cependant pas. D’une certaine façon je décidais pour elle, envoyant à Noir destin un long mail enthousiaste marquant comme j’adorais son profil, que ses pratiques quoique extrêmes étaient celles que je préférais et que notre taux de match était proche de 100%, lui parlant de moi et de cette recherche juvénile qui avait avortée. C’était bien entendu très centré sur moi-même, mais elle ne donnait prise à aucune connaissance sur elle qui aurait permis de personnaliser mon message. Et je ne me doutais en rien qu’Isabelle s’était inspiré des récits et photos que je consultais pour aller aussi loin dans l’expression de ses pratiques. Elle avait profité de la journée pour lire un livre que j’avais récupéré en PDF, comment éduquer son mari, qui l’avait à la fois terrifiée par sa dureté et sa froideur, mais aussi convaincue de son bienfondé. L’écrivaine savait de quoi elle parlait et au fur et à mesure de la lecture Isabelle projetait de plus en plus son Maître dans le personnage de l’esclave. Le début du livre contenait un test pour savoir si on était capable d’être une bonne Maîtresse. Le résultat d’Isabelle était édifiant, elle n’était pas au niveau. Pourtant à la fin de la journée, son état d’esprit avait déjà beaucoup changé, et elle refit le test. Les résultats étaient bien différents. Quelque chose s’ouvrait en elle, une énergie et une violence qui avaient toujours été là et qu’elle tentait de canaliser depuis toujours, comme une libération. Elle était aussi perturbée par moi que par ses propres réactions.

Isabelle découvrait un tout autre personnage. Était-ce moi, une projection fantasmagorique ou juste un jeu, elle ne le savait pas et, franchement, à ce stade moi non plus. J’étais juste pris dans une fièvre d’excitation. Nous échangeâmes une partie de la nuit, le pseudo voulant tout savoir de ma vie. Les questions fusaient et en bon petit soldat je prenais soin de tout dire, ne réalisant pas à quel point je me dévoilais et me mettais à nu, donnant ainsi à Isabelle de nombreuses clés qu’elle rangeait de côté. Au fur et à mesure des messages je devais me dévoiler plus encore, répondre à de multiples questions, certaines très intimes comme par exemple sur ma relation avec mes filles, mon rapport à l’argent, l’origine de mes pulsions, les jeux que je pratiquais enfant pour me punir. C’était assez excitant de repenser à tous ces jeux que j’avais pu pratiquer pour torturer mon sexe, me pénétrer le cul, m’exhiber dehors en portant les affaires de mes sœurs et bien d’autres humiliations que je m’infligeais. C’était certes puérile, et mon interlocutrice ne manquait pas de se moquer de moi, vorie parfois d’être dégoûtée. Elle me fit reprendre une à une toutes mes relations, qu’elles soient passagères ou plus suivies. Je devais me dévoiler, expliquer, décrire ; commenter mes émotions. C’était une certaine forme de catharsis. Je découvris alors que je n’avais pas tant menti que cela, ayant oublié ma première relation sm qui était en tant que soumis. Dans mes relations de domination, je dévoilais un personnage que je n’aimais pas trop. Je revendiquais un amour immodéré de la femme et pourtant me comportait bien durement avec elles. Mon interlocutrice ne manqua pas d’appuyer là où cela faisait mal, c’était à la fois humiliant et excitant. Elle me demanda si notre échange me faisait bander, et je du bien lui avouer que oui. Je n’osais lui poser la question, mais elle me répondit, à mon grand désarroi que cela la dégoûtait plutôt qu’autre chose. Elle était sincère, Isabelle découvrait une nouvelle lecture de tout ce que j’avais pu m’ouvrir à elle, sachant que j’avais toujours caché ces pratiques masochistes et ce besoin de soumission en moi. Elle réalisait avec ces échanges que je n’étais pas la personne solide et forte que je projetais, mais un petit garçon fragile, pervers et finalement un peu minable dans sa sexualité. Sauf que cette médiocrité provoquait en elle une excitation nouvelle, son masochisme light se transformant en un sadisme qu’elle sentait bien moins light. Et une émotion vis-à-vis de moi sur laquelle elle n’arrivait pas à mettre de mots : son amour avait disparu, restait sans doute une part d’affection, mélangée avec du dégoût, mais surtout une envie de m’écraser, de me piétiner qui germait de façon autonome loi de ce désir d’expiation que j’exprimais. Désir dont elle percevait bien l’origine familiale mais dont elle se moquait, je n’avais qu’à faire le travail pour dépasser cette origine, ce que je n’avais visiblement pas fait !

Elle me fit exprimer les fantasmes qui m’occupaient l’esprit, ce dont je rêvais. Je parlais aussi bien d’humiliations très sévères, en particulier d’être cocufié, nié dans ma virilité, mais aussi le fait d’être battu et atrocement traité, ou bien féminisé pour être réduit à rien, transformé physiquement, sans aucune autonomie. Avec réticence mais me disant que cela ne prêtait pas à risque, je lui décris aussi ce fantasme que ma Maîtresse prenne possession de tous mes biens, que je ne possède plus rien et devienne alors totalement dépendant à elle, n’ayant aucune autre alternative. J’avouais que ces fantasmes me faisaient bien plus jouir que toute autre image et que je les avais quand je faisais l’amour avec ma soumise. Je me sentais honteux et le retour fut violent. Je reçu un message de mépris et d’injure qui me rendit très honteux. Isabelle se lâcha en imaginant tout ce que je fantasmais en la prenant, et me traita d’irrespectueux de la gent féminine et que je ne méritais pas de posséder une femme, que je ne méritais de ne rien posséder, et que je ne valais guère mieux qu’un chien. Je tentais de lui dire que les fantasmes n’étaient pas tromper, mais, bien entendu, ce n’était pas du tout son avis, et le mot trahison devint une évidence de plus en plus grande pour Isabelle qui avait du mal à masquer sa colère noire, tandis que j’étais à deux pièces d’elle, dévoilant à une pseudo inconnue, les tréfonds de ma personnalité qu’elle ne connaissait pas. M’aurait-elle accepté ainsi, moi je ne le pensais pas, mais sans doute aurait-elle pu le comprendre et l’accepter. Ceci étant je n’en avais pas une conscience aussi développée avant de commencer ce dialogue : me sentir ainsi écouté profondément, et sans risque apparent, faisait que je me dévoilais comme jamais. Mais se découvrir ainsi était révoltant. Il était quatre heures du matin, temps de mettre fin à cette première nuit de confession. Isabelle envoya un dernier message, m’interdisant tout contact sexuel avec ma soumise, et même toute expression de ma domination vis-à-vis d’elle. Isabelle savait qu’elle ne le supporterait plus et utilisait ce début d’autorité sur moi pour ainsi se prémunir. Elle devait réfléchir à ce qu’elle ferait de tout ce qu’elle découvrait. Sa vie lui plaisait énormément et elle ne souhaitait pas que tout s’effondre ainsi. D’un autre côté plus rien ne pourrait être comme avant. Mais une telle trahison, c’était inconcevable, la colère ne se calmait pas. Si encore j’étais venu lui expliquer mes pulsions et mes besoins complémentaires... D’ailleurs elle se demandait dans quelle mesure la domination était mon truc, elle découvrait un nouveau visage et une nouvelle compréhension de mes comportements, de ma domination à la fois dure mais aussi très à l’écoute et finalement très adaptée à sa personnalité. N’était-ce pas une certaine forme de soumission de ma part, lui donnant ce qu’elle exprimait qu’elle voulait. Mais cette nuit, tout cela s’était évaporé, ce n’est plus cela qu’elle voulait, elle en était certaine. Ni de moi, ni de quiconque. Les hommes la dégoutaient.

Elle me donnait rendez-vous pour la nuit prochaine, j’allais être épuisé moi qui avait besoin de mes neuf heures de sommeil ! Et exigeait que je lui envoie une copie de ma carte d’identité d’ici là. Son ordre ne souffrait pas de discussion et depuis le début je ne faisais que répondre à ses questions sans jamais en poser, sentant qu’il n’y aurait de toute façon aucune réponse. Mais là cela me fit réfléchir, c’était un cap, une étape, et surtout une sortie de l’anonymat qui ne correspondait pas trop aux us et coutumes de ce genre d’échange. J’hésitais à lui exprimer cela, j’avais peur de la perdre. Personne ne s’était autant intéressé à moi et à mon histoire de ma vie, je me sentais totalement connecté avec elle, et je perdais un peu de vue tout contrôle. Je lui souhaitais une belle nuit, me disant que j’avais le temps d’y réfléchir. Certain de ne pas le faire en me couchant à côté d’Isabelle endormie. Du moins je la croyais endormie, elle ruminait sa colère ainsi que quelque chose de nouveau en elle, une pointe d’excitation qu’elle découvrait, de prendre un certain contrôle, et de maîtriser la situation. Je mis du temps à m’endormir, très excité moi aussi par la situation, tout en me demandant comment j’allais pouvoir faire pour progresser dans cette relation avec la question de la carte d’identité en suspens. C’était très risqué mais en même temps l’adrénaline était amusante.

Isabelle était toute aussi nerveuse et pensive. Elle ne savait pas si elle espérait que je n’envoie pas ma carte d’identité et du coup mette fin à la relation, ou bien que je continue et pouvoir voir ce que j’avais vraiment dans le ventre. Elle savait simplement que plus rien ne pourrait être comme avant, se demandant si elle aurait la force de repartir à zéro dans une nouvelle relation. En même temps elle en avait plus que marre des hommes et ne se voyait pas recommencer, ni non plus prendre une vie vanille qui était mortifère pour elle. Le changement d’attitude que j’avais était une évidence, et elle fut vraiment surprise de sentir que je n’étais plus du tout dominant pendant la journée qui suivit avec elle. J’étais tellement ailleurs, perdu dans mes pensées, mes réflexions, mais aussi épuisé par cet échange. Cela confirma à Isabelle que c’était une bonne idée de me fatiguer ainsi, je perdrais ainsi toute lucidité. Et finalement j’arrivais très bien à peu dormir quand il y avait une bonne raison. En me regardant, elle réalisa d’un coup qu’elle ne m’aimait plus, mais alors plus du tout. Pas tant qu’elle voyait un étranger, au contraire, elle me sentait encore plus que jamais. Elle avait certes de l’affection ; beaucoup, mais plus jamais son cœur ne pourrait battre la chamade, cela était une illusion qui s’était dissipée ces 24 dernières heures. Cela aurait du l’attrister, mais curieusement elle se sentit libérée, d’une emprise qu’elle avait tant désirée, mais qui aujourd’hui ne lui était plus utile. Elle aussi était épuisée, mais sentit une profonde joie émerger de sa déception et de sa désillusion. Elle relu pendant la journée les différentes histoires que je lisais récemment, s’imprégnant de ces récits et de ces émotions neuves pour elle, se remplissant d’une certaine violence en repensant à tout ce qu’elle avait pu m’offrir pendant sa soumission, et finalement ne doutant plus que j’enverrai le document demandé. Elle se caressa sur un récit d’un mari cocufié par sa femme et réduit à l’état de larbin, dans un orgasme qui la laissa dévastée et surprise. Jamais lire un tel récit ne lui serait venu à l’idée et le thème lui aurait semblé incongru. Pourtant cela avait été ravageur, et elle sentit son corps faire des bonds comme jamais.

J’étais bien entendu au rendez-vous à 23h, ayant envoyé ma carte d’identité bien plus tôt dans l’après-midi. Je me sentais vulnérable, à la fois par cette carte mais aussi par la fatigue. Je remarquais tout de suite un changement de taille, mon interlocutrice se mit à me tutoyer et à exiger des majuscules quand je faisais référence à Elle. Les ordres étaient secs, c’était net et sans bavure. C’était excitant. Pendant la première heure, elle me fit décrire ce que j’aimais et recherchais, me faisant distinguer l’excitation du plaisir. J’étais en effet excité d’être battu mais sans y prendre du plaisir. C’est la première fois que je comprenais et touchais du doigt ce distinguo. Je lui avouais ainsi mon fantasme de vivre enculé en permanence, avec des plugs de plus en plus imposants, d’être battu et maltraité, de manger comme un chien, de dormir aux pieds de ma Maîtresse, de lui servir de toilette, y compris pendant ses menstrues. Elle me trouva immonde de désirer cela, non par plaisir car j’étais dégoûté, mais par excitation et une humiliation extrême. Elle me demanda si j’étais prêt à porter des marques permanentes et visibles de mon état. Dans l’excitation, mon sexe dur comme de l’acier, j’acquiesçais. Elle me demanda pour la première fois si j’avais des questions, m’en autorisant une seule. J’hésitais longuement, puis je lui demandais si elle pensait sérieusement qu’elle pourrait m’accepter comme esclave ? Isabelle fut surprise de cette question, qui allait bien au-delà du fantasme. Je semblais terriblement fébrile d’un coup et surtout très sérieux. Elle perçu très clairement que j’avais basculé bien plus vite que moi, que le jeu m’échappait et qu’elle avait toutes les cartes en main. Elle voulut d’abord répondre simplement oui pour continuer à me tester, mais, perversement, préféra me mettre sous pression en répondant qu’elle n’était pas encore convaincue, que je ressemblais à un souminateur qui a juste envie de se faire plaisir, et que le fait que j’ai une soumise comme femme rendait les choses impossibles à son humble avis. En tant que Maîtresse, elle ne souhaitait pas s’embarrasser de ma soumise, ni que ce soit une contrainte. Me demandant alors ce que je pensais faire de cette relation. La fatigue, l’excitation également me firent commettre une erreur funeste. Je répondis que c’est vrai que c’était contraignant, mais que ce qu’elle recherchait comme esclave correspondait à ce que je rêvais depuis toujours et que je ferais en sorte de me donner les moyens de le vivre. Interloquée Isabelle me demanda si c’était jusqu’à quitter ma soumise et mes filles. Je répondis oui. Isabelle pleura de rage en lisant ma réponse. Même si elle avait beaucoup évolué ces derniers jours à échanger ainsi avec moi, me lire ainsi était insupportable. Se référant à maintes histoires que je lisais, elle comprit qu’il fallait qu’elle renverse la situation et prenne le contrôle. J’étais un minable et ne méritait aucun respect ni considération. Elle mit du temps à répondre, prenant soin de son message :

« Esclave,


A partir de maintenant considère que tu es en test pour venir ramper à mes pieds et vivre la vie misérable que tu mérites. J’avoue n’avoir que dégoût pour tout ce que tu as pu faire de ta vie, toutes ces personnes que tu as trompées. Tout comme ton physique qui est tout rempli de fatuité et de suffisance, et de gras. Si je te prends, ce sera pour venger toutes ces femmes, sache alors que ta vie ne sera que contrainte et souffrance, ce que tu cherches me dis tu ? Tu n’auras aucun contrôle et tu perdras tout, y compris ton identité. Tu ne mérites aucune pitié, et tu le sais parfaitement.

Je veux que dorénavant tu m’envoies un message au moins toutes les heures, jour et nuit, me parlant de toi, de tes pensées, de ton excitation, de ton désir. Interdiction de te toucher le sexe, mais j’avoue ne pas avoir confiance en toi pour cela. Tu iras sur le site de la cage de chasteté et tu t’en commandes une en métal, modèle chili. La longueur réduite de deux centimètres, et toutes les autres mesures au plus juste. Tu prends les pointes de discipline. Tu te débrouille comme tu veux, la commande doit partir dans la journée, tu m’en feras une copie, et tu dois la recevoir d’ici une semaine. Propose de payer ce qu’il faut pour cela, pour passer devant la liste d’attente. Inutile de te dire que la moindre désobéissance me fera disparaître, mais aussi envoyer une copie de tous tes mails à ta soumise. Laisse-moi d’ailleurs tes différents mots de passe mail ou sur les chats. N’oublie rien d’important, je serais intraitable. Si tu me résistes je te détruirai.

Pour demain soir 23h, je veux que tu m’envoies une photo de tes cuisses marquées chacune de 10 traces de badine. Je veux pouvoir les compter sur la photo. Pas de photoshop, mais de vrais et grands coups. Je ne sais pas comment tu vas te débrouiller, et je m’en moque.

Je vais me coucher, mais pas toi. Tu vas faire la photo demandée, et je veux que tu m’envoies un message toutes les 10 minutes jusqu’à quatre heures du matin, puis un toutes les heures comme tu devras le faire. Le moindre manquement provoquera une punition.

Noir Désir »



Instant de panique, elle est rentrée dans le vif du sujet. Ce que je lis me glace d’effroi, je me demande comment je vais faire. Pas du tout si je vais le faire, c’est une évidence. Un message toutes les 10 minutes, cela ne me laisse pas le temps de faire quoi que ce soit. Je tremble de fébrilité, d’envie, de peur, je suis perdu, épuisé déjà. Je rentre à pas de loup dans notre chambre, Isabelle dort, enfin elle me donne cette impression, et je prends la canne dans notre coffre à rangement, pour me faire les marques. Je ne me suis jamais battu moi-même, c’est assez bizarre. Je n’ai que le temps de sortir de la chambre pour envoyer un nouveau message à Noir Désir. Puis je me précipite dans la salle de bain, je suis déjà nu. Je prends la canne et me frappe violemment la cuisse, sachant qu’il faut viser au-delà de la chair pour sur le coup porte. La douleur est terrible, je manque hurler, je pense que la marque sera belle. Cela aurait du me rendre ma lucidité, mais au contraire cela ne fait qu’allumer mon masochisme. Je me fais un honneur de frapper aussi fort les 19 autres coups, espérant que la photo rendra bien compte de mes chairs gonflés. Je ne réalise qu’après que je suis toujours en slip ou nu dans la maison et qu’Isabelle ne pourra manquer de voir mes marques ! Il me faudra absolument penser à mettre un pantalon pendant quelques jours. C’est humiliant, pourtant mon sexe est dur comme l’acier, je prends bien soin de ne pas le toucher. Nouveau message pour lui décrire mon état d’esprit, l’expression de mon masochisme, ma hâte d’être bien encagé et ainsi à sa disposition. J’envoie les photos, elles sont très réussies, je suis bêtement fier de moi. Il est deux heures du matin, il me reste encore deux heures pour essayer d’avoir un peu de sommeil ensuite. Quand je me lève à neuf heures, je suis un zombie, Isabelle me fait remarquer mes yeux rouges et me demande si tout va bien. Je la sens inquiète, je la rassure, reste au lit malgré mon envie d’uriner, ne voulant pas prendre le risque qu’elle voit les marques. Toutes les heures j’envoie un message, qui m’ancre chaque fois un peu plus dans mon désir d’extrême, je mets des mots que je regretterai plus tard, sur mon désir d’un dressage de folie, d’une vie de contraintes et souffrances continues.

L’achat de la cage de chasteté se révèle plus ardu que prévu. Si je trouve bien le modèle et me débrouille pour prendre mes mesures, je passe ma commande en suivant les exigences, soit une cage très ajustée mais trop courte avec des pointes de discipline. La difficulté c’est que le délai annoncé est de six semaines. Il me faut discuter longuement avec le responsable qui est inflexible, et j’en suis réduit à lui payer une cage cinq fois son prix normal pour qu’il accepte de me la faire rapidement. Il me dit qu’il va la faire là et me l’enverra demain. Je tiens bien entendu mon interlocutrice au courant et la fatigue me maintient dans un état de fébrilité extrême, attendant 23h avec plein de désirs mais aussi plein de peurs : est-ce que je tiendrai les prochaines étapes ? Jamais je n’ai été aussi impitoyable avec une soumise ! A 23h j’ai l’agréable surprise de trouver un email de s part. Mon sourire niais se fige quand je réalise qu’il s’agit d’une photo de mes cuisses, retravaillées avec un cadrage strict. Je remarque tout de suite que le mail m’a été envoyé mais aussi à Isabelle en copie ! Le sans monte à ma tête, je suis dans un état de panique. Je me dis que ce n’est pas possible. Comment pourrait-elle connaître son adresse, elle ne connaît que son prénom. Enfin je crois. La fatigue me fait divaguer, ai-je commis une erreur ? J’angoisse et mes doigts tremblant je lui envoie un simple message pourquoi ? La réponse arrive instantanément. Je dois dorénavant construire mes messages avec un en-tête, Madame, un corps et une signature. Et l’appeler Madame à toutes les phrases. Je reformule mon message comme demandé, lui demandant pourquoi elle a envoyé un email à ma soumise ?


« Je t’ai dit que je ne tolérai aucun manquement. Là c’est juste un avertissement, elle pourrait ne pas deviner que ce sont tes cuisses, même si ce mail va beaucoup l’intriguer.

Je t’avais demandé tous tes mots de passe, et je n’ai rien reçu.

Tu as une heure esclave »



C’est la totale panique. Si je lui donne tous les mots de passe alors je serais incroyablement vulnérable, elle aura accès à tout de ma vie, et un pouvoir de destruction sans merci. Le plus simple est de réveiller Isabelle et de tout lui raconter. Et d’arrêter cette aventure. Qui m’excite tant. Et je dois l’avouer que c’est ce que je désire depuis mon plus jeune âge. Je risque d’être broyé, mais qu’importe au fond. J’envoie mes informations principales, surtout mes mails personnels. J’hésite pour les choses plus sensibles comme mes comptes en banque, c’est vraiment trop risqué, en même temps ils sont pas mal protégés. Je me décide à les mettre. Je prends un gros risque mais je suis certain que ce n’est pas très impactant. Impossible de les vider comme cela, il faut que ce soit moi qui le fasse, ou alors cela prendrait beaucoup de temps. Je lui mets aussi mes numéros de carte bancaire, j’en ai trois. Bien entendu mes codes pour les messageries. L’heure est presque passée, une dernière hésitation, j’envoie le message. Et je le regrette déjà. Rien ne se passe. Je me demande si je vais sur mes comptes changer rapidement tous les mots de passe quand une réponse arrive :


« Ma petite chienne,

Je suis impressionnée, tu dis donc vrai, tu es cette merde que tu décris.

Réalises-tu que je te tiens au creux de ma main, que tu ne peux plus rien faire ?

Si un seul mot de passe est modifié par ta faute, alors non seulement la relation s’arrête là, mais tout ton carnet d’adresse reçoit les photos que tu m’as envoyées ainsi que tes textes et tes récits.

Si tu désobéis, certains éléments pourraient être publiés qui seraient très gênant pour toi. Tu ne peux plus sortir de cette relation, c’est terminé. Je vais te broyer et en plus tu me remercieras

Merci pour les chaussures, j’ai commandé deux paires chez Louboutin avec ta carte, c’est ton premier cadeau !

Toujours un mail toutes les heures, je reviendrai vers toi d’ici quelques jours

Madame»



Je n’étais certainement pas moi-même car la seule phrase qui me fit réagir et paniquer fut la dernière. Comment allais je pouvoir tenir sans ce fil ? J’avais besoin de cette tension. En plus ces messages toutes les heures m’épuisaient. Par la suite les autres informations du mail nourrirent toutes mes angoisses. Je surveillais mes comptes, mais seul le débit de 2000 € quand même des chaussures ne vint les impacter. J’étais du coup complètement rassuré sur mon interlocutrice, et encore plus en manque. Mes messages horaires étaient de plus en plus extrêmes dans mes promesses, mes désirs, mes délires.

Isabelle pour sa part avait complètement basculé après cette terrible déconvenue d’apprendre que j’étais prêt à la sacrifier. Il ne pouvait plus y avoir de doutes, après avoir communiqué à une inconnue toutes ces informations, elle n’en revenait pas, surtout me connaissant. N’étant pas vénale, l’ouverture de mes comptes étaient surtout un moyen de pression sur moi. Mais se faire un petit plaisir avec des chaussures, sa passion, était une juste rémunération. Pour commencer. Elle réalisait au travers de ses récits qu’il lui faudrait prendre le contrôle aussi de ma fortune. Cela l’angoissait un peu, c’était beaucoup d’argent et de responsabilité, mais je ne devais rien avoir à moi, plus un compte, plus un euro, plus même un appartement. Sans s’en rendre vraiment compte, le plan de sa vie future prenait vie, comme si je lui avais servi avec mes récits si fous et délirants. Sans doute allais-je le regretter, mais elle non, elle se le jura. Méthodique, elle prit un cahier pour rédiger toutes ses réflexions. Une page était consacrée à l’isolement financier, une autre à l’isolement familial et social, une au conditionnement, une aux règles qu’elle imaginait. Elle passa les prochains jours à remplir le cahier de ses réflexions, se nourrissant aussi beaucoup de ce livre que j’avais acheté, de mes écrits et de mes lectures. Elle aurait aimé élaborer cela avec un alter ego, mais j’aurais été le seul qu’elle aurait pu accepter, et bien entendu, c’était du passé. Ses orgasmes étaient de plus en plus profonds et rapides. L’idée que je n’aurais plus jamais le droit de jouir la faisait partir comme jamais, lui donnant envie de m’écraser plus encore. Dommage que je ne sois plus tout jeune, l’idée de me prostituer n’était pas très crédible, cela aurait pu être excitant aussi. Chaque fantasme qu’elle avait était consigné, elle avait besoin de mettre tout cela noir sur blanc pour élaborer la vision de la vie qu’elle voulait mener. Et c’est au bout d’une semaine de cette effervescence, rythmée par des messages de plus en plus fous de ma part qu’elle accepta enfin d’écrire la vie qu’elle voulait vivre. L’écrire lui provoqua un orgasme qui, s’il n’était pas le plus foudroyant, resta le seul de sa vie où elle ne s’était pas même touchée. Il était temps de passer au concret, elle voyait Philippe dépérir et devenir de plus en plus agressif. Ce qui faisait un vrai contraste avec elle, de plus en plus sereine, acceptant cette facette de sa personnalité, que, par timidité, elle n’avait jamais exprimé. C’est avec une certaine anxiété qu’elle abordait la suite de ce jeu qui était devenu très réel.

                                                                                                    A suivre dès demain...
 

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