CHAPITRE 3
Quelques jours plus tard, obsédée dans cette étrange pension, Lucy retrouva sa sœur pour prendre un café en face de l’église Saint-Pierre de Brighton, et lui raconta longuement sa visite à Loxley Hall.
Les yeux d’Anna s’écarquillèrent et la jeune femme ne cessait de s'étonnée tandis que Lucy décrivait comment elle avait découvert que Miss Bagnall avait été autrefois Mister Bagnall, que la femme de chambre était un homme et qu'une ravissante élève s'appellant Melanie était en fait un garçon portant le même nom que son fils.
Les deux soeurs finirent par rire de manière hystérique et s’essuyèrent les yeux avec des mouchoirs pour empêcher leur mascara de couler. Alors qu’Anna refusait de prendre Loxley Hall Academy au sérieux, Lucy dut admettre qu’elle était impressionnée, du moins par Melanie.
- Tu aurais dû la voir. Une vraie perle, tu n’aurais jamais deviné qu’elle était en fait un garçon, elle était si gentille et si polie. Elle me fit la révérence en entrant dans la pièce…
- Une révérence ?
- Oui, apparemment, c’est ce qu’on leur apprend.
- On leur apprend à faire la révérence ? Les garçons font la révérence ?
- Tout a fait. Et Ils tendent leurs petites jupes et…
- Non, tu te moques de moi ?
- Je te jure que c’est ce qu’ils font. Elle l’a fait si naturellement. J’aurais été tellement fière si elle avait été ma fille…
Lucy s’arrêta, puis ajouta:
- Ou mon fils, je suppose, même si je n’en suis pas sûre…
Ils recommencèrent à rire.
- Tu ne vas pas envoyer Jake là-bas, n’est-ce pas ? Demanda Anna.
- Non, mais je doit te dire que je suis tentée.
Anna était choquée.
- Tu plaisante, n’est-ce pas ?
- Je suppose que oui, mais toi et toi Mari n’êtes pas obligée de vivre avec Jake. Il ne s’améliore pas, c’est sûr.
QUELQUES MOIS PLUS TARD...
Lucy et Anna étaient assises ensemble a la terrasse du même café, elles s'y rencontraient au moins deux fois par semaine pour prendre un café, lorsqu’une fille s’approcha de leur table.
Bien qu’elle lui semblait familière, Lucy ne la reconnut pas immédiatement.
- Bonjour Mme Northrup. Vous vous souvenez de moi ?
- Bien sûr… Dit Lucy, hésitante.
La fille sourit.
- Non, vous ne vous souvenez pas de moi... n’est-ce pas ?
Lucy finie par admettre qu'elle ne savait pas qui était la jeune fille en question.
- Mélanie, vous vous souvenez ? Loxley Hall ? Miss Bagnall ?
Lucy ouvrit de grands yeux:
- Mélanie ? Tu as l’air si différente que je crois que je ne t’aurais jamais reconnue.
- Je sais. Ce sont mes cheveux. Je les ai coupés et coiffés. J’ai reçu tellement de reproches de la part de mon père quand je suis revenue de Loxley que j’ai décidé de changé radicalement de look afin de lui faire comprendre que je ne voulais en aucun cas redevenir un garçon...
Lucy se souvint qu’il avait les cheveux relevés en queue de cheval quand elle l’avait rencontré à Loxley Hall. Ils avaient maintenant été teints en blond et coupés au carré avec une frange profonde.
Cela le rendait très différent, mais certainement encore plus joli. Son maquillage, les yeux charbonneux et du rouge à lèvres rouge vif était parfait pour une adolescente, comme avant. Il portait de grandes créoles accrochées aux oreilles, une simple chemise en soie blanche sur une jupe en cuir noir très courte, des collants noirs et des bottines à talons vertigineux.
Il... ou plutôt elle était absolument magnifique et complètement à l’aise dans son rôle.
Lucy pouvait voir à travers le chemisier que Mélanie portait un soutien-gorge et semblait même avoir maintenant une petite poitrine. Elle réalisa soudain qu’elle devait présenter sa sœur.
- Je suis désolée Melanie, voici ma sœur, Anna. Anna, voici la fille dont je t’ai parlé, tu te souviens, après ma visite à cet endroit dans le Wiltshire…
Mais Lucy pouvait voir qu’Anna avait déjà deviné qui était Melanie, car elle le regardait avec étonnement, la bouche ouverte. Par dessous la table Lucy donna un coup de pied à sa sœur en demandant:
- Qu’est-ce qui t’amène à Brighton, Melanie ? Tu n’habites pas par ici, n’est-ce pas ?
- Non... nous vivons à Tufnell Park, mais ma mère veut que j’aille au Brighton College car ils ont une politique plus tolérante, donc il n’y aurait aucune difficulté à ce que j’y aille en tant que fille. N’importe qui peut y aller dans l’uniforme du sexe auquel il s’identifie. C’est un endroit plutôt cool. Tu le connais ?
Lucy sourie:
- Oui, bien sûr. Tout le monde à Brighton connaît le Brighton College. Alors tu penses que tu y iras ?
- Je l’espère. Je vais dans une école dans le nord de Londres en ce moment et même s’ils sont censés être cool avec les étudiants transgenres, je rencontre encore beaucoup de conflits depuis mon retour de Loxley. Et a présent que je suis un traitement pour avoir des seins j'en prends plein les oreilles...
Lucy posa ses yeux sur le buste bombé. Mélanie soupira:
- Certains garçons sont de tels connards dès qu'il vois des roploplos… il faudrait tous les envoyés a Loxley Hall.
- Fais attention à ton langage, jeune fille ! Dit soudain une femme séduisante qui est apparue aux côtés de Mélanie.
- Désolé maman. Dit-elle avec un sourire et avant de faire les présentations.
- Maman voici Mme Northrup, que j’ai rencontrée à Loxley, et sa sœur, Anna. Je suis désolé Mme Northrup mais je ne connais pas votre prénom.
- Lucy.
- Enchantée de vous rencontrer tous les deux. Je suis désolée que nous ne puissions pas rester pour discuter plus longuement, mais nous avons un train à prendre.
Elle sourit et prit son fils par le bras avec l’intention manifeste de le guider hors du café, mais il lui secoua doucement la main.
- Juste une minute maman... Mme Northrop, avez-vous envoyé votre fils à Loxley ?
- Non je ne l’ai pas fait. Au final, je n’ai pas pensé que ce soit le bon choix pour lui.
- Oh vraiment quel dommage. Vous savez que c'est la meilleure chose qui me soit arrivée pourtant. N’est-ce pas, maman ?
- En effet c'est le cas. Mais maintenant, nous devons vraiment y aller. Au revoir, Mme Northrop.
Lucy et Anna les regardèrent se diriger vers la porte où Mélanie se retourna, sourit et fit un signe de la main avant de suivre sa mère. Les sœurs restèrent assises en silence pendant un moment, puis Anna secoua la tête et dit:
- Je n’y crois pas. Je ne… crois… pas… que c’était un garçon. Elle était tellement… tellement féminine.
Lucy rit.
- Je sais, c’est un peu dur à accepter, n’est-ce pas ? Quand Mélanie m’a dit que son vrai nom était Jake, j’ai failli m’évanouir.
Anna secoua à nouveau la tête.
- Elle était si naturelle, si détendue, si jolie, si ouverte. Je veux dire, il n’y avait rien chez elle, rien, qui puisse vous faire penser qu’elle n’était pas vraiment une fille. Pourtant, elle semblait parfaitement heureuse d’admettre, même devant une étrangère comme moi, qu’elle était transgenre.
- Oui, mais ce n’est probablement pas aussi simple que ça. As-tu remarqué qu’elle a dit quelque chose sur le fait que son père n’était pas très content de ce qui lui était arrivé ?
Anna esquissa un sourire:
- Je ne suis pas surprise. Peu de pères seraient ravis de voir leurs fils sortir en mini-jupe en cuir noir et en collants résille, même si sa mère semblait plutôt d’accord avec ça, n’est-ce pas ?
- Oui, mais tout cela est assez bizarre, n’est-ce pas ?
Lucy hocha la tête. C’était un euphémisme...pensa-t-elle.
Plus tard Lucy fut surprise de trouver Jake à la maison à son retour du café. Il était allongé sur un canapé dans le salon et jouait à un jeu bruyant sur son iPad. Il ne leva pas les yeux lorsque sa mère entra dans la pièce.
- Jake, mais qu’est-ce que tu fais ici ? Tu n'a pas cours ? Il me semblait pourtant que...
Il continua son jeu sans répondre.
- Jake, s’il te plaît. Que se passe-t-il ?
Il fit pivoter furieusement son iPad et marmonna
- Lettre.
- Que veux-tu dire par lettre ?
Il releva enfin la tête, le visage déformé par la colère, et cria :
- IL Y A UNE PUTAIN DE LETTRE SUR LA TABLE DE LA CUISINE !!!
Lucy tressaillit et s’écria:
- Jake, ne me parle pas comme ça !
Mais Jake était déjà de nouveau absorbé par son jeu et l’ignora.
Elle soupira, entra dans la cuisine et vit l’enveloppe sur la table adressée à Lucy Northrop. Elle venait de l’école de Jake. Elle ouvrit l’enveloppe, en sortit la lettre et commença à lire avec une fureur croissante:
Chère Mlle Northrup,
Vous savez que l’école a eu déjà de nombreuses occasions de se plaindre du comportement de votre fils, en classe et au dehors, en particulier envers les étudiantes pour lesquelles il fait preuve d’un mépris frisant le harcelement sexuel. Nous avons appliqué toutes les sanctions pour essayer de lui faire modifier son comportement, mais en vain.
Aujourd’hui, nous avons donc été contraint d'appliqué notre sanction finale en excluant Jake de façon définitivement de notre école et l’avons renvoyé chez lui. Il ne peut plus être considéré comme un élève de cette école…
Lucy sentit le sang lui monter à la tête. Elle baissa la lettre, regarda par la fenêtre de la cuisine dans le jardin pendant quelques instants, puis la releva et continua à lire.
… Pendant le cours ce matin, Jake a agressé une élève en mettant sa main sous sa jupe. Dans des circonstances normales, la police aurait été appelée, mais la jeune fille a insisté sur le fait qu’elle ne souhaitait pas porter plainte. Lors d’une réunion ultérieure dans le bureau du directeur, il a été convenu qu’il était très peu utile d’adresser un nouvel avertissement à Jake et que la seule alternative était de lui interdire définitivement l’école. Si nous pouvons vous aider à trouver une nouvelle école pour Jake, nous ferons de notre mieux, mais nous devons vous avertir qu’il ne sera pas possible de fermer les yeux sur son comportement pendant qu’il était élève ici et que nous devrons en avertir les autres établissement désireux de l'acceuillir…
Lucy, tremblante de rage, jeta la lettre sur la table, et se retourna pour arraché l’iPad des mains de son fils et le lança à travers la pièce.
- Hé ! Qu’est-ce que tu fous sale pute ? Protesta t-il.
Lucy voulait l’attraper pour essayer de lui faire entendre raison.
- Écoute-moi Jake, et écoute-moi très attentivement. Tout d’abord, tu n’utiliseras plus jamais le terme S.. P... quand tu me parleras. Est-ce que tu comprends ?
Jake fit la même moue provocatrice qu’elle connaissait si bien.
- TU COMPRENDS ? Hurla-t-elle.
Il fronça les sourcils et finit par hocher la tête.
- Alors c’est réglé, dit-elle en baissant la voix pour retrouver un ton normal. Maintenant, peut-être pourrais-tu expliquer pourquoi tu as pensé que c’était une bonne idée d’agresser une fille pendant les cours ? La plupart des garçons auraient pu essayer derrière les abris à vélos ou à l’arrière du bus scolaire, mais non, tu devais le faire en classe. Brillant ! Tu dois être vraiment content de toi. Tu as eu beaucoup de chance que la police ne soit pas appelée. J’ai peur d’imaginer ce qui se serait passé si la fille avait décidé de porter plainte…
Jake s’anima soudain.
- Porter plainte ? » Elle n’allait pas allez porter une putain plainte. Elle adorait ça ! Si elle avait voulue elle aurait pu fermer les jambes à tout moment… j'aurais presque put lui mettre un doigt...
- Jake, je ne veux pas entendre ça…
- Elle n’a objecté que lorsque le professeur a vu ce que nous faisions. Jusque-là, elle rigolait. En fait, c’est parce qu’elle rigolait que nous nous sommes fait prendre. Mais ensuite cette conne s’est mise à pleurer. Jusque là, elle était partante, mais une fois que nous avons été pris, je suis devenu le vilain garçon qui n’arrêtait pas de mettre ma main sous sa jupe…
- Jake, je ne veux pas connaître les détails. En ce qui me concerne, que la fille ait été d’accord ou non avec ce que tu faisais ne fait pas beaucoup de différence. C’était une chose complètement stupide et maintenant tu t’es fait expulser et je ne sais pas quoi faire de toi.
Lucy avait envie de pleurer, mais pas devant son fils intraitable et totalement impénitent, qui avait traversé la pièce et examinait son iPad à la recherche de signes de dommages.
Après que Jake se soit retiré dans sa chambre avec son iPad qui, au grand regret de Lucy, n’était pas cassé, elle resta assise à regarder dans le vide pendant un long moment, essayant désespérément de savoir quoi faire.
Puis elle fouilla dans son sac à main pour trouver la carte que Julia Bagnall lui avait donnée…
CHAPITRE 4
Lucy était au téléphone avec sa sœur.
- Oui, je vais certainement le faire. Je lui ai téléphoné hier. Elle a une place libre à partir de lundi. Je vais le conduire là-bas dès dimanche après-midi.
- Tu es sûre de vouloir faire ça, Lucy ? Je veux dire que Mélanie était une gentille fille mais soyons honnêtes, veux-tu faire de Jake un travesti ou une Transsexuelle? En faire une autre Mélanie ?
- Pour le moment, je me fiche de ce qu'il peut devenir. Quoi qu’il en soit, il s’avère qu’il sera certainement plus gentil, mieux élevé et respectueux des femmes après un séjour là-bas. Ce n’est pas un mauvais objectif, n’est-ce pas ?
- Je suppose que non. Lui dit sa sœur dubitative.
Anna demanda a Lucy:
- Tu lui as déjà dit ?
- Que je l’ai inscrit dans un pensionnat ? Oui.
- Et le genre d’école que c’est ?
- Non.
- Tu ne penses pas que tu devrais ?
- Non, je ne pourrais jamais le faire y aller. J’en ai parlé avec Julia…
- Tiens, c’est Julia maintenant, n’est-ce pas ?
- Anna, je n’ai pas besoin de sarcasme maintenant, j’ai assez de choses à faire.
- Désolée, Lucy.
- Julia dit que ce sera mieux si je le dépose rapidement, sans rien lui dire. Il ne saura de quel genre d’école il s’agit que le lendemain matin quand il reviendra de la salle de bain et trouvera ses vêtements de garçons confisqués et une jolie robe posée sur son lit…
- Lucy, c’est horrible. Ne fais pas ça.
- Je n’en ai pas vraiment envie, mais je dois faire quelque chose, n’est-ce pas ? Je suis à bout de nerfs.
Jake ne voulait pas aller dans un stupide pensionnat à la campagne, mais soudain il avait trop peur de sa mère pour la défier. Il ne l’avait jamais vue aussi en colère que lorsqu'il avait été renvoyé de l’école et depuis elle était restée froide et hostile, presque comme si elle était dégoûtée de lui.
Il prétendait ne pas être gêné par son renvoi de l’école, mais c’était le cas.
Il craignait qu’elle parvienne à lui trouver un autre endroit qu’il avait vu seulement dans les films, où il se ferait tabasser tous les jours. Il n’avait pas eu la vie facile à l’école. Lorsqu’il avait décidé de se laissé pousser ses cheveux, il avait espérer que les autres garçons le trouveraient cool, beaucoup de garçons vraiment cool avaient les cheveux longs.
Mais au lieu de cela, ils l’appelaient par des noms, comme « girly boy » ou « ladyboy ».
Il prétendait que c’était pour rire, mais en réalité, il détestait ça. Il savait qu’il avait l’air un peu girly, mais ce n’était pas de sa faute. Il ne pouvait pas changer son apparence, ni le fait qu’il n’avait pas encore commencé à se raser.
Pour essayer de faire partie de la bande de garçons, il avait commençer à se montrer odieux, à relever les jupes des filles avec une règle ou à tirer les bretelles de leurs soutiens-gorge. Il aimait dire que les filles étaient inutiles et une perte de place, mais en vérité, il les admirait.
Il était intimidé, même s’il ne l’admettrait jamais, par leur maquillage, leurs jupes courtes, leurs manières coquettes. Elles semblaient tellement plus sûres d’elles, plus adultes, plus jeunes et elles le mettaient mal à l’aise, comme s’il était un petit garçon.
Autrefois, il avait la réputation de tourmenter les filles, les autres garçons pensaient que c’était une bonne blague de l’inciter à commettre des outrages toujours plus grands, c’est ainsi qu’il s’était fait expulser.
La rumeur s’était répandue dans la classe que par défi et pendant un cours, Jake allait doigter une certaine Tiffany James. Tiffany était la traînée de l’école, offrant ses faveurs à tout garçon qui manifestait le moindre intérêt.
Jake n’avait qu’une vague idée de ce qu’impliquait le doigtage, il était très réticent et quand le moment arriva ou le professeur écrivait au tableau noir, dos à la classe, Jake mit avec hésitation sa main sous la jupe de Tiffany et essaya de la pénétrer en poussant sur l’entrejambe de sa culotte jusqu’à ce qu’elle pousse un petit cris de stupeur.
Alerté par les chuchotements et les rires, le professeur se retourna soudainement et réalisa qu’il se passait quelque chose au dernier rang. Jake fut incapable de retirer sa main de dessous la jupe de Tiffany avant d’être repéré.
À sa grande fureur, la fille se sauva en éclatant en sanglots et en prétendant que Jake l’avait forcée, qu’elle avait essayé de l’arrêter, mais en vain. Une heure plus tard, Jake rentrait chez lui, avec la lettre du directeur dans son sac à dos.
Et maintenant, une semaine plus tard, il était assis à côté de sa mère dans son Audi, conduit dans un pensionnat stupide dont personne n'avait jamais entendu parler, dans un endroit dont personne n'avait jamais entendu parler non plus.
- Je ne veux pas aller en pensionnat ! Je ne sais pas pourquoi tu m’y obliges. Pourquoi ne peux-tu pas me trouver une école près de chez moi ? Je ne veux pas être coincé dans un trou paumé à des kilomètres de chez moi…
- Silence ! J’en ai marre de tes pleurnicheries. Tu vas dans cette école parce que je pense que ce sera bien pour toi. Tu en est là car tu t'es fait renvoyer je te rappelle… S’exclama sa mère
- Ce n’est pas juste…
- Non en effet, ce qui n’est pas juste que tu me fasses subir ça, que tu te comportes comme un voyou et que tu me donnes tout ce stress.
- Je t’ai dit une douzaine de fois que je n’avais pas agressé cette garce. Elle voulait que je le fasse. Elle m’a pris la main pas pour l’arrêter mais…
- JAKE, FERME TA GUEULE ! TU NE COMPRENDS PAS ? JE NE VEUX PAS LE SAVOIR !
Jake resta dans un silence pendant le reste du voyage.
Au cours des jours précédents, il avait essayé d’en savoir un peu plus auprès de sa mère sur cette stupide école, mais elle ne lui avait pas dit grand-chose, à part qu’elle avait décidé que c’était le meilleur endroit pour lui jusqu’à ce qu’elle trouve un endroit plus proche de chez elle. Il n’y avait rien sur Internet à ce sujet, ce qu’il trouvait effrayant.
Il faisait déjà sombre lorsqu’ils arrivèrent à Loxley Hall.
Jake aperçut le panneau dans les phares de la voiture alors qu’ils s’engageaient dans l’allée et il fit une dernière tentative pour faire changer d’avis sa mère, au bord des larmes.
- Maman, s’il te plaît, ne m'envoi pas là-bas... Je te promets que j’essaierai de faire des efforts de comportement. Je te promets…
Lucy avait pourtant des doutes sur la sagesse de ce qu’elle faisait. Lorsqu’elle avait téléphoné pour savoir si Jake pouvait être acceuilli le plus vite possible à Loxley Hall, elle avait eu une conversation troublante avec Julia Bagnall.
- Elle pourrait commencer lundi si cela vous arrange ? Avait dit Julia Bagnall.
- Elle ? Avait demandé Lucy.
- Madame Northrup, dites-vous bien que si Jake vient ici, vous allez devoir vous habituer à utiliser des pronoms féminins.
- Oui. Oui... c'est évident...
A cet instant Lucy avait presque faillie raccroché le téléphone. Était-ce ce qu’elle voulait pour son fils ? Elle n’en était pas sûre... a vrai dire elle trouva ce projet terrible, mais elle n'avait pas d'autre solution en vue.
A l'autre bout du fil, Julia Bagnall demanda une derniere fois:
- Alors Madame Northrup, dois-je ou non faire préparé une chambre ?
- Oui... Oui... Je vous amenerait Jake dimanche, en fin d'après midi...
Julia acquiessa:
- Parfait. Pouvez-vous me donné le nom de garçon complet de votre fille ?
Lucy ne compris pas tout de suite, mais elle dit timidement:
- Jake Andrew Northrup...
Un bref silence se fit dans le combiné, un silence a peine troublée par le bruit d'un clavier d'ordinateur sur le lequel on tape. Puis, fremissante de peur elle entendie la voix de Miss Bagnall, laconique:
- Miss Judith Ann Northrup, arrivée dimanche en fin d'après-midi.
En se garant devant la maison, Lucy se demanda si elle ne devrait pas tout simplement faire demi-tour et repartir avec Jake à Brighton, mais Julia Bagnall sortit alors en trombe, un large de sourire aux lèvres.
Elle ouvrit la portière passager et dit:
- Bonjour, tu doit être Jake. Bienvenue à Loxley Hall Academy.
Jake sortit de la voiture en bougonant et serra la main de Miss Bagnall à contrecœur.
Lucy sortit de l’autre côté. Miss Bagnall s'adressa a Jake:
- Rassemble tes affaires et dis au revoir à ta mère. Ensuite attends-moi dans le couloir.
À la stupéfaction de Lucy, Jake fit humblement ce qu’on lui disait. Il sortit sa valise du coffre, le claqua avec force, puis serra mollement sa mère dans ses bras en s’éloignant rapidement vers la maison.
- Tu ne me dit pas au revoir ?
- Au revoir... grogna-t-il, sans se retourner.
Miss Bagnall s'approcha de Lucy:
- Il vaut mieux partir dès maintenant.
Lucy hocha la tête, au bord des larmes, puis remonta dans la voiture et s’éloigna.
Dans le rétroviseur, elle pouvait voir Jake debout, triste, sous la lumière du porche. Il ne fit pas signe de la main.
A SUIVRE...
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