Chapitre 20
2 SEMAINES PLUS TARD...
Les murs blancs de la clinique semblaient étouffants alors que Lily était assise dans la salle d’attente, les mains tremblantes sur ses genoux. Elle murmurait toujours des supplications désespérées, même si elles tombaient dans l’oreille d’un sourd.
Aucunes supplications, aucunes pleurs ou promesses ne pouvait changer le cours qui lui avait été fixé. La décision avait été prise, les votes exprimés, et maintenant il n’y avait aucun moyen pour Lily d’échappée à la procédure qui allait changer sa vie de manière irréversible.
Rachel l’avait accompagnée à chaque étape du processus, son expression était restée impassible alors qu’elle guidait doucement Lily dans les préparatifs préopératoires. Elle lui avait offert des mots de réconfort, assurant à Lily que c’était la meilleure façon d’avancer, qu’elle s’adapterait avec le temps.
Mais Lily ne pouvait se débarrasser de la peur qui s’était emparée d’elle, du sentiment d’être piégée dans un cauchemar dont elle ne pourrait jamais se réveiller.
La procédure était rapide, presque anodine comparée aux terribles conséquences sur la vie de Lily, il ne s'écoulait que quelques heures entre l'anesthésie et la sortie du bloc opératoire.
la brume de l’anesthésie brouillant les limites de la réalité jusqu’à ce que tout soit terminé.
Quand Lily se réveilla, la réalité de ce qui venait de lui être fait la frappa comme l'uppercut d'un boxeur poids-lourds. Son esprit lutta pour analysé l'absence de son pénis entre ses jambes et cette peau plate et lisse où se trouvaient autrefois son pénis et ses testicules.
Les larmes lui montèrent aux yeux alors qu'elle se penchait pour toucher la zone, ses doigts tremblant en effleurant les bandages.
Elle ne pourrait plus jamais être Richard. Elle était piégée dans un corps de femme qui ne pourrait jamais lui appartenir pleinement et auxquel elle ne pourrait jamais s'habituée.
Quand elle put enfin sortir de la clinique, Rachel était là pour la ramener chez elle.
Le trajet se fit en silence, le poids de ce qui s'était passé pesant dans l'air. Lily regarda par la fenêtre, ses pensées s'emballant mais incapable de tirer des conclusions cohérentes.
L'avenir lui semblait sombre, un tunnel sombre et sans fin, sans aucune lumière au bout.
De retour à son appartement, Lily se tenait devant le miroir, regardant son reflet avec incrédulité. Rachel lui avait apportée des vêtements d'homme, un simple jean et un t-shirt, dans le but de l'aider à retrouver un semblant de normalité avant qu'elle ne soit plongée a tout jamais dans la féminité.
Mais même lorsqu'elle enfila ses vêtements familiers, la vision qu'il vit dans le miroir était tout sauf normale.
Son visage était encore partiellement féminisé, l'eye-liner permanent encadrant ses yeux, les lèvres charnues remplies de collagène rendaient chaque expression plus délicate et féminine qu'elle n'aurait dû l'être. Ses sourcils, désormais définitivement formés en une arche douce, ne faisaient qu'ajouter à l'incongruité.
Elle ressemblait à un mélange bizarre d'homme et de femme, un hybride des deux qui n'était ni l'un ni l'autre, et cela lui donnait la chair de poule.
Elle tira sur l'ourlet de son t-shirt, essayant de faire en sorte que le tissu soit bien ajusté, pour se sentir à nouveau plus comme Richard et moins comme la Lily qu'elle avait été forcée de devenir.
Mais cela ne servait à rien.
Sans son pénis, elle se sentait incomplète, creuse, comme si l'essence même de son identité lui avait été retirée.
Rachel était restée avec elle quelques jours, s'assurant qu'elle avait tout ce dont elle avait besoin pendant qu'elle se remettait de l'opération. Mais Lily était distante, affreusement triste, réagissant à peine à sa présence, perdue dans sa propre tourmente.
Lorsque Rachel partit enfin, Lily était seule avec ses pensées, les murs de son appartement se refermant sur elle alors qu'elle essayait de se faire à la nouvelle réalité de sa vie.
Le retour au bureau était pourtant inévitable, et c'était un jour que Lily redoutait presque autant que l'opération elle-même.
Les instructions étaient claires: En tant que nouvelle secretaire junior, elle devait s'habiller avec l'uniforme prescrit, une petite culotte qui couvrait à peine son sexe féminin, un soutien-gorge qui ne mettait pas en valeur sa poitrine plate et des talons aiguilles qui claquaient bruyamment sur le sol du bureau à chaque pas.
Elle devait aussi porté des bas retenus par un porte-jarretelle, les bas devait être assez clairs afin que son tatouage de fille, un motif floral rose qui remontait en spirale sur sa jambe, soit pleinement exposé, une marque permanente de sa féminité forcée.
Le premier jour de retour fut un flou de honte et d'humiliation.
Au moment où elle franchit les portes du bureau, tous les regards des femmes se tournèrent vers elle, certains remplis de pitié, d'autres d'un amusement cruel. Les femmes qui avaient voté pour elle ne retenaient pas leurs regards critiques, chuchotant entre elles lorsque Lily passa, le son de leurs voix étouffées étant comme des poignards plantés dans son coeur fragile.
Sa tenue ne laissait absolument rien à l’imagination.
La culotte était minuscule, presque obscène, sa couverture minimale rendant impossible de cacher la planéité où se trouvaient autrefois ses organes génitaux masculins.
Le soutien-gorge, bien que remplissant techniquement sa fonction ne faisait rien pour créer l’illusion de seins, le vide des bonnets ne servait qu’à souligner ce qui manquait.
Les talons hauts que portait Lily, lui semblaient désormais être des instruments de torture, la forçant à marcher avec une féminité exagérée qu’elle ressentait davantage à chaque pas.
Mais ce sont les réactions de ses anciennes collègues qui la blessèrent le plus.
Les femmes la traitèrent avec un mélange de dérision et de condescendance, comme si elle était une sorte d'attraction de foire, quelque chose que l'on pouvait à la fois plaindre et se moquée.
Les hommes, ceux qui avaient réussi à échapper à son sort, la regardaient avec un mélange de soulagement et d'inconfort, incapables de soutenir son regard longtemps.
Ses tâches en tant que jeune employée de bureau étaient simples et dégradantes: aller chercher du café, livrer des documents et faire des courses pour les personnes mêmes qui l'avaient élue à ce poste.
Chaque tâche lui rappelait sa chute, sa disgrâce, une confirmation qu'elle n'était plus considérée comme leur égale, qu'elle n'était plus considérée comme un homme.
L'examen constant était insupportable. Chaque fois qu'elle se penchait pour ramasser quelque chose, chaque fois qu'elle traversait la pièce, elle pouvait sentir les yeux sur elle, l'observant, la jugeant. Elle essayait de bouger rapidement, pour éviter d'attirer l'attention sur elle, mais c'était impossible.
Le bruit de ses talons, le contour visible de son entrejambe devenue féminin sous la culotte, tout cela attirait l'attention, peu importe à quel point elle essayait de se faire discrete.
Les pires moments étaient les commentaires, les murmures discrets qui n’étaient pas censés être entendus mais qui étaient toujours juste assez forts pour atteindre ses oreilles.
- Tu peux y croire ? Elle s’appelait Richard, et maintenant regarde-la. C’est pathétique.
- On voit qu’ils lui ont tout pris. Pas étonnant qu’elle se comporte de façon si féminine.
- Tu crois que ça queue lui manque ? Je parie qu’elle ne pensait pas que ça arriverait quand elle a commencé.
Lily essayait de faire abstraction des voix, de se concentrer sur son travail, mais le barrage constant était trop intense. À la fin de la journée, elle pouvait à peine retenir ses larmes.
L’humiliation était écrasante, un poids écrasant qui semblait peser sur elle de tous les côtés.
Dans la salle de bain, elle s’aperçut dans le miroir et cette vision la brisa presque.
L’eye-liner, les lèvres, le tatouage... c’était trop. Elle ne se reconnaissait même plus. Elle avait envie de crier, d’arracher son soutien-gorge, sa culotte, d’arracher ses extensions de cheveux et de faire disparaitre autant qu'elle pourrait le maquillage.
Mais cela ne changerait rien.
L’opération était irréversible et aucun vêtement ne pouvait lui redonner l’impression d’être un homme.
Les jours passaient dans un brouillard de honte et d’humiliation.
Chaque matin, elle devait s’habiller du même uniforme dégradant, faire face aux mêmes regards critiques, endurer les mêmes commentaires cruels. Son pas autrefois confiant était remplacé par un pas traînant et nerveux, la tête baissée pour éviter les regards plaintifs ou moqueurs.
Le pire, c’est qu’elle ne pouvait même pas trouver de réconfort chez elle.
Le miroir de son appartement était devenu son ennemi, lui renvoyant un visage qui n’était plus le sien, un corps qui n’était plus reconnaissable. Chanque miroir le rappel permanent de ce qu'elle avait perdue et de la vie dont on l'avais privé, une vie qu’elle ne pourrait jamais complètement laisser derrière elle.
Les nuits de Lily étaient remplies de rêves agités, de cauchemars dans lesquels elle était piégée dans un corps qui n’était pas le sien, où elle était présentée comme une bizarre, où elle se perdait complètement dans l’identité qui lui avait été imposée.
Elle se réveillait en sueur, le vide entre ses jambes lui rappelant cruellement que le cauchemar était réel.
L’humiliation constante, la honte implacable, le sentiment d’être piégée dans un corps qui n’était pas le sien, tout cela devenait trop difficile à supporter. Elle se sentait glisser, perdre contact avec qui elle avait été, incapable de réconcilier la personne qu’elle voyait dans le miroir avec l’homme qu’elle avait été autrefois.
Et donc, Lily continuait d’exister dans une sorte de limbes, elle n’était plus Richard, mais pas complètement Lily non plus. Elle était coincée entre deux mondes, rejetée par les deux, et laissée à elle-même pour naviguer dans une vie qui avait été irrémédiablement changée.
L'humiliation et la honte la suivaient partout, un rappel constant qu'elle ne pourrait jamais revenir en arrière, ne jamais récupérer la vie qui lui avait été enlevée.
Au fil des jours, elle a commencé à réaliser que c'était sa vie désormais, et qu'elle n'avait aucun moyen d'y échapper. La jeune employée de bureau, l'objet de pitié et de mépris, la personne qui ne pourrait plus jamais être un homme à part entière.
A SUIVRE...
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